Alors que l'incertitude politique capte actuellement beaucoup l’attention, il est important de ne pas perdre de vue les développements réglementaires qui redéfinissent le paysage des services financiers au Canada et qui auront des répercussions non négligeables. La conformité à toute nouvelle exigence est cruciale, mais comprendre et adopter ces changements ouvrent également la voie à de nouvelles possibilités commerciales. Voici un aperçu de ce que vous devez surveiller en 2025.
Depuis le 1er janvier 2025, des modifications importantes aux dispositions du Code criminel du Canada sur le taux d’intérêt criminel sont entrées en vigueur. Le taux d'intérêt criminel a notamment été réduit à un plafond de 35 % sur une base du taux annuel en pourcentage (TAP). Avant ces modifications, le taux d’intérêt criminel était plafonné à un taux annuel effectif (TAE) de 60 %, soit environ 48 % sur une base du TAP. Le champ d'application des infractions relatives au taux d'intérêt criminel a également été élargi : l’offre ou la publicité de crédits à un taux excédant le nouveau plafond est désormais interdite.
Certaines exceptions s’appliquent aux prêts commerciaux lorsque l'emprunteur n'est pas une personne physique et que l'emprunt est destiné à des fins commerciales ou professionnelles. Un taux d'intérêt criminel de 48 % s'appliquera aux prêts commerciaux compris entre 10 000 $ CA et 500 000 $ CA, et une exemption totale du taux d'intérêt criminel est prévue pour les prêts commerciaux supérieurs à 500 000 $ CA.
D'autres changements incluent un plafond sur le coût d’emprunt pour les prêts sur salaire de 14 $ CA par tranche de 100 $ CA empruntés dans toutes les provinces ayant un régime de prêt sur salaire approuvé, sans tenir compte des frais additionnels explicitement autorisés par la loi provinciale applicable et imposés à l'emprunteur en cas de défaut de paiement ou de chèque refusé ou d'un autre instrument lorsque les frais de refus sont inférieurs à 20 $ CA.
Si vous souhaitez en savoir plus, lisez l’article que nous avons publié au début du mois de février (en anglais seulement) : New year, new limits: Canada’s criminal interest rate has changed.
Le 4 février 2025, Paiements Canada a lancé une consultation sur des propositions de politiques visant à élargir l'accès à ses systèmes aux fournisseurs de services de paiement (FSP) enregistrés en vertu de la Loi sur les activités associées aux paiements de détail (LAAPD), aux sections locales de coopératives de crédit membres d'une centrale, ainsi qu’aux chambres de compensation des systèmes de compensation et de règlement désignés en vertu de la Loi sur la compensation et le règlement des paiements. La Loi canadienne sur les paiements (LCP) a été modifiée le 20 juin 2024 afin d’inclure ces entités parmi celles pouvant devenir membres de Paiements Canada et participer à ses systèmes. Toutefois, ces modifications n’entreront en vigueur qu’à une date ultérieure qui sera fixée par le gouverneur en conseil. D’ici là, des ajustements devront être apportés aux règlements administratifs et aux règles de Paiements Canada. Cette consultation porte précisément sur ces modifications réglementaires, pour les aligner sur les modifications apportées à la LCP, ainsi que sur certaines questions de conformité.
Paiements Canada invite les parties prenantes à soumettre leurs commentaires sur ces propositions avant le 6 mars 2025. Les observations reçues seront prises en compte dans l’élaboration des règlements administratifs et des règles. Ces règlements seront ensuite soumis au processus d’approbation réglementaire, incluant leur publication dans la Gazette du Canada.
Par ailleurs, alors que les bases sont jetées pour que les FSP enregistrés en vertu de la LAAPD puissent avoir accès aux systèmes de Paiements Canada, il est important que les fournisseurs de services financiers envisagent de nouvelles possibilités d'affaires pour accompagner ce changement. Il pourrait s'agir, par exemple, de la possibilité pour les fournisseurs de services financiers de développer de nouveaux services pour aider les FSP à gérer leurs liquidités et leur trésorerie dans le cadre de leur participation aux systèmes de Paiements Canada.
Le 30 avril 2025 marquera l’entrée en vigueur des dernières modifications du Code de conduite destiné à l’industrie des cartes de paiement au Canada (le « Code ») que l’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC) a présenté l’automne dernier. Ce Code s'applique aux exploitants de réseaux de cartes de paiement (ERCP) qui ont choisi d’adopter le Code, ainsi qu’à leurs participants, notamment les émetteurs, les acquéreurs et, plus largement, leurs participants en aval, tels que les processeurs de paiement, les facilitateurs de paiement et les agrégateurs. Les modifications récentes visent à renforcer la transparence des coûts et à accroître le choix des commerçants. Parmi les principaux changements :
Le 8 septembre 2025, la Banque du Canada publiera une liste de tous les fournisseurs de services de paiement (FSP) enregistrés en vertu de la Loi sur les activités associées aux paiements de détail (LAAPD). À cette même date, les exigences de conformité prévues par la LAAPD entreront en vigueur. Ces obligations, établies par la LAAPD et ses règlements, sont particulièrement strictes et couvrent plusieurs aspects essentiels :
Toutes les obligations de conformité imposées par la LAAPD sont impératives. Toutefois, les FSP doivent adapter leurs cadres de gouvernance en fonction de leur taille, de leur niveau d’interconnexion et des risques spécifiques auxquels ils sont exposés. Cette adaptation doit notamment tenir compte de l’impact potentiel sur les utilisateurs finaux et les autres FSP en cas de réduction, de détérioration ou d’interruption de leurs activités de paiement de détail. Les FSP sont également responsables du respect de ces obligations par leurs employés, leurs prestataires de services tiers ainsi que leurs agents ou mandataires agissant en leur nom.
La Banque du Canada dispose de pouvoirs d’exécution étendus pour assurer le respect de la LAAPD. Elle peut exiger des informations auprès d’une personne ou d’une entité afin de déterminer si celle-ci est un FSP. Elle a également la possibilité d’ordonner des audits spéciaux et bénéficie de droits d’accès renforcés. En cas de non-conformité, elle peut appliquer diverses sanctions administratives pécuniaires (SAP), pouvant aller de 1 million $ CA pour une infraction grave, jusqu’à 10 millions $ CA pour une infraction très grave. Les violations constatées feront l’objet d’une publication publique. Le non-respect des obligations essentielles, telles que la mise en œuvre et le maintien des cadres requis ou la protection adéquate des fonds des utilisateurs finaux, est considéré comme une infraction très grave.
Ces nouvelles obligations de conformité créent également des occasions commerciales pour les FSP. Par exemple, les institutions financières soumises à une réglementation prudentielle, comme les banques et les sociétés de fiducie, peuvent tirer parti de ces exigences en offrant aux FSP des services de tenue de comptes conformes aux dispositions législatives.
Le 1er octobre 2025, de nouveaux règlements et des modifications de la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes (LRPC/FAT) entreront en vigueur. Ces changements visent à combler les lacunes du régime canadien de lutte contre le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes (LRPC/FAT) et à aligner la réglementation sur les normes internationales en prévision du prochain examen du Groupe d'action financière (GAFI), l'organisme international chargé d'établir les normes en matière de lutte contre le blanchiment d’argent (LBA) et le financement des activités terroristes (FAT). Les principaux changements qui toucheront les services financiers sont les suivants :
De nouvelles mesures ont également été prises pour faciliter l'échange d'informations entre les entités régies par la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes (LRPC/FAT). Les entités seront autorisées à partager des informations entre elles dans certaines circonstances afin de détecter et de prévenir plus efficacement les activités de blanchiment d’argent et de financement des activités terroristes. Ce partage d'informations est entièrement volontaire et ne sera pas rendu obligatoire par la LRPC/FAT. Pour être autorisées à partager des informations personnelles, les entités réglementées devront établir et faire approuver par le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada (CPVP), l'organisme fédéral de réglementation de la protection de la vie privée, un code de pratique encadrant la divulgation, la collecte et l'utilisation de renseignements personnels sans le consentement de l'intéressé. Ce code devra être réapprouvé par le CPVP tous les cinq ans. Ces nouvelles mesures entreront en vigueur par décret du gouverneur en conseil, ce qui n'a pas encore été fait. Toutefois, le gouvernement du Canada a exprimé l'avis qu'elles seraient mises en œuvre avant les autres changements apportés à la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques en octobre.
Le 20 février 2025, le ministère des Finances a annoncé que le gouvernement du Canada avait convoqué la première réunion du nouveau Partenariat intégré sur le renseignement en matière de blanchiment d'argent (PIRBA). Le PIRBA est un nouveau partenariat entre les services de police et les plus grandes institutions financières du Canada, composé de fonctionnaires de la Gendarmerie royale du Canada et de responsables de la lutte contre le blanchiment d'argent des principales institutions financières canadiennes. Il a pour but de favoriser l'échange autorisé de renseignements sur le blanchiment d'argent et le crime organisé et de renforcer les relations entre les organismes chargés de l'application de la loi et le secteur des services financiers, afin de mieux comprendre et combattre les menaces de blanchiment d'argent qui pèsent sur le Canada.
L'Énoncé économique de l'automne de 2024 comportait un plan et un échéancier très ambitieux visant une mise en œuvre complète du Cadre canadien des services bancaires axés sur les consommateurs (le « Cadre ») d'ici le début de l'année 2026. Cependant, avec la prorogation du Parlement et les élections fédérales qui se profilent à l'horizon, l'incertitude demeure quant au moment et à la manière dont le Cadre se concrétisera.
Le gouvernement a annoncé l’établissement du Cadre dans le budget de 2024 et a établi les éléments fondamentaux des services bancaires axés sur les consommateurs (ou système bancaire ouvert) comme suit :
La première phase de mise en œuvre du Cadre a débuté l'été dernier avec la promulgation de la nouvelle Loi sur les services bancaires axés sur les consommateurs et les modifications apportées à la Loi sur l'Agence de la consommation en matière financière du Canada le 20 juin 2024. Cette première étape a couvert plusieurs aspects clés, notamment la gouvernance, la portée, l'accréditation et la norme technique. Toutefois, certains éléments du Cadre restent à finaliser.
Bien que le Cadre ait généralement bénéficié d'un large soutien non partisan, il est récemment devenu un sujet de débat à l’approche des élections fédérales. Des divergences d’opinions persistent quant à son fonctionnement, en particulier sur la question de l'accréditation. Ces désaccords politiques pourraient entraîner des modifications législatives et, par conséquent, de nouveaux retards. La perspective d’une mise en œuvre complète du Cadre d’ici la fin de l’année ou l'année prochaine reste incertaine, tout comme l'avenir du gouvernement fédéral actuel.
Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec Lisa Ford, associée au sein du groupe Droit bancaire et financier. Lisa souhaite remercier les co-auteurs, Daniel Dickey, Tina Shaygan et Solomon Ezike, pour leur aide dans la rédaction de cet article.
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