Ce jeudi 22 septembre 2022 marque l’entrée en vigueur au Québec de la première série d’exigences prévues par le projet de loi no 64, Loi modernisant des dispositions législatives en matière de protection des renseignements personnels. Les autres exigences entreront en vigueur par étapes, soit en septembre 2023 et en septembre 2024.
Le projet de loi no 64 modifie considérablement la loi applicable au secteur privé au Québec, soit la Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé, qui s’applique aux entreprises du secteur privé établies au Québec ainsi qu’aux sociétés de l’extérieur de la province qui, dans le cadre de leurs activités, utilisent les renseignements personnels de résidents du Québec. De plus, l’organisme de réglementation de la protection des renseignements personnels au Québec, la Commission d’accès à l’information (la « CAI »), a déjà établi sa compétence sur des entreprises sous réglementation fédérale (voir D’Allaire c. Transport Robert (Québec) 1973 ltée, 2020 QCCAI 152). Par conséquent, les entreprises sous réglementation fédérale doivent être également au courant des modifications qu’apporte le projet de loi no 64 à la collecte, à l’utilisation ou à la divulgation de renseignements personnels.
La loi, en sa version modifiée, prévoit que des sanctions administratives pécuniaires dont le montant pourrait aller jusqu’à dix millions de dollars canadiens ou 2 % du chiffre d’affaires mondial de l’exercice financier précédent pourraient être imposées aux sociétés qui contreviennent à certaines dispositions de la loi, et des amendes pouvant aller jusqu’à 25 millions de dollars canadiens ou 4 % du chiffre d’affaires mondial de l’exercice financier précédent pourraient être imposées relativement à plusieurs nouvelles infractions créées par le projet de loi no 64. En outre, le projet de loi prévoit un droit privé d’action à l’égard de certains actes ou omissions.
À compter du 22 septembre 2022, par défaut, la personne ayant la plus haute autorité au sein d’une entreprise (par exemple, le chef de la direction) sera considérée comme étant le « responsable de la protection des renseignements personnels », nouvelle fonction requise en vertu de la loi, en sa version modifiée. Les sociétés peuvent déléguer cette fonction (essentiellement, un responsable de la protection des renseignements personnels) à un membre du personnel de l’entreprise ou à un tiers externe, à condition de le faire par écrit.
Aucune compétence particulière n’est exigée pour exercer cette fonction et la personne qui l’assume ne doit pas obligatoirement se trouver au Québec (ou au Canada). Toutefois, elle doit être au courant des exigences prévues par la loi.
Les entreprises sont également tenues de publier sur leur site Web le « titre et les coordonnées » du responsable de la protection des renseignements personnels. Son nom n’est pas requis.
Les dispositions relatives à la gestion des « incidents de confidentialité » sont aussi entrées en vigueur le 22 septembre 2022. Plus particulièrement, si un incident de confidentialité présente un « risque qu’un préjudice sérieux soit causé », l’entreprise doit, « avec diligence », aviser la CAI et les personnes concernées. L’entreprise peut, à sa discrétion, aviser également toute personne ou tout organisme susceptible de diminuer ce risque.
De plus, conformément au projet de Règlement sur les incidents de confidentialité, les sociétés doivent conserver les registres des incidents de confidentialité pendant une période de cinq ans après la date ou la période au cours de laquelle la société a pris connaissance de l’incident.
Deux exceptions relatives à l’obligation d’obtenir un consentement sont entrées en vigueur.
La première exception concerne les transactions commerciales pour lesquelles le consentement n’est plus nécessaire à la condition qu’une entente écrite ait été conclue prévoyant que l’entreprise qui reçoit les renseignements personnels doit s’engager à les utiliser uniquement aux fins de la conclusion de la transaction commerciale et à ne pas les communiquer sans le consentement de la personne concernée, à moins que la loi ne le permette d’une autre manière. L’entreprise qui reçoit les renseignements doit également s’engager à prendre les mesures nécessaires pour assurer la protection du caractère confidentiel des renseignements et détruire ceux‑ci si la transaction commerciale n’est pas conclue ou si l’utilisation de ceux‑ci n’est plus nécessaire.
La deuxième exception concerne l’utilisation à des fins de recherche ou de production de statistiques. Le projet de loi no 64 remplace le processus d’autorisation actuel par un nouveau cadre qui oblige les sociétés à procéder à une EFVP afin d’établir si les renseignements personnels sont nécessaires pour atteindre l’objectif visé et s’il est déraisonnable d’exiger l’obtention d’un consentement. En outre, l’EFVP doit conclure que l’objectif de la recherche l’emporte sur l’incidence de la communication des renseignements personnels et que seuls les renseignements nécessaires sont utilisés d’une manière qui permet à en protéger la confidentialité.
Le projet de loi no 64 apporte également des modifications à la Loi concernant le cadre juridique des technologies de l’information du Québec (la « Loi sur les TI du Québec ») au sujet des obligations de divulgation concernant l’utilisation de bases de données biométriques. Auparavant, les entreprises étaient tenues d’aviser la CAI de la création d’une « banque de caractéristiques […] biométriques » et d’obtenir le consentement exprès des personnes concernées avant de faire la collecte de leurs données biométriques.
Le projet de loi no 64 prévoit qu’il sera désormais obligatoire pour les entreprises d’aviser la CAI avant d’utiliser toute « technique biométrique » permettant de vérifier ou de confirmer l’identité d’une personne, même si aucune donnée biométrique n’est stockée dans une base de données.
En outre, le projet de loi no 64 prévoit désormais un délai aux fins de la notification, modifiant la Loi sur les TI du Québec de manière à obliger les entreprises à aviser la CAI lorsqu’elles créent une banque de données biométriques au plus tard 60 jours avant sa mise en service.
Enfin, le projet de loi no 64 précise que les renseignements biométriques sont des renseignements sensibles et les entreprises devraient s’assurer de mettre en place des mesures de protection qui tiennent compte de cette désignation.
Si vous avez besoin de plus amples renseignements au sujet des modifications aux lois sur la protection de la vie privée et des renseignements personnels au Québec ou ailleurs au Canada, veuillez communiquer avec un membre du groupe Cybersécurité et protection de la vie privée et des renseignements personnels au Canada de Dentons.
Pour obtenir de plus amples renseignements au sujet des compétences en matière de données de Dentons et de la façon dont nous pouvons vous aider, veuillez consulter notre gamme de solutions de données unique Dentons Data (en anglais seulement) destinées à tous les types d’entreprises, y compris les vérifications sur le plan de la protection des renseignements personnels, l’examen et la mise en œuvre de programmes en matière de protection des renseignements personnels, le mappage de données et l’analyse des écarts, ainsi que la formation relative aux renseignements personnels.
Les auteurs tiennent à remercier leur co-auteur, Dan Mackwood, étudiant stagiaire, pour son aide dans la rédaction du présent article.
Les courriels non sollicités et les autres renseignements envoyés à Dentons ne seront pas considérés comme confidentiels, pourraient être communiqués à des tiers ou ne pas obtenir de réponse et ne créent pas de relation avocat client. Si vous n’êtes pas un client de Dentons, vous ne devriez pas nous envoyer de renseignements confidentiels.
Ce contenu est disponible en anglais seulement. S'il vous plaît cliquer sur Continuer ci-dessous pour lire cela en anglais.
Vous quittez maintenant le site Web de Dentons. Vous serez redirigé vers le site Web de $redirectingsite en anglais. Pour continuer, cliquez sur « Continuer ».
Vous quittez maintenant le site Web de Dentons. Vous serez redirigé vers le site Web de Beijing Dacheng Law Offices, LLP. Pour continuer, cliquez sur « Continuer ».